lundi 23 mars 2015

Siegfried est fasciné par les cristaux


Pourquoi ce sel fin, d'une part, et le gros sel, d'autre part ? Siefried savait évidemment que l'industrie pouvait broyer de gros cristaux, mais comment ces derniers naitraient-ils ? Bien sûr, ils auraient pu provenir de blocs de sel encore plus gros : n'en extrait-on pas dans les mines de Lorraine ? On aurait donc sans cesse réduit de gros blocs en blocs plus petits ? Mais alors, comment ces gros blocs auraient-ils été formés ? Posés sur Terre par une divinité à l'origine du monde ? Bien qu'enclin à la spéculation, il ne se résolvait pas à cette hypothèse trop hardie. Et puis, l'industrie des semiconducteurs ne fait-elle pas des galettes cristallines de silicium ?
Siegfried se renseigna, et apprit que les gros cristaux se forment quand la croissance est lente, alors que de petits cristaux apparaissent quand les phénomènes sont rapides. D'ailleurs, les granité ne sont-ils pas, précisément, faits de gros cristaux de glace dus au  refroidissement insuffisamment rapide du congélateur, alors que les glaces et les sorbets les plus  veloutés s'obtiennent par refroidissement  rapide, dans une sorbetière spécialement conçue ?
Avec le sel ? L'hypothèse la plus simple était de commencer par évaporer rapidement du sel dissous dans de l'eau, dans une casserole fortement  chauffée. Passée la phase d'évaporation de l'eau, où la fumée blanche sortant de la casserole lui masquait les transformations, il vit effectivement une myriade de tout petits cristaux de sel. Bien, mais de gros ? Il fallait, cette fois, évaporer plus lentement : et pourquoi pas à la température ambiante. C'est ce qu'il fit : il abandonna un verre plein de sel sur le rebord de la fenêtre… et l'oublia. Une semaine plus tard, l'eau était évaporée, et il y avait des cristaux de toutes les  tailles, de petits et de gros. Parfois, un gros cristal avait des faces bien régulières, mais il était pris dans une masse de petits cristaux, soudé.
Et si l'on faisait naître un cristal au milieu de la saumure ? Siegfried prit un cristal indépendant, le colla à un fil de couturière, et le suspendit au milieu d'une autre saumure. Puis il attendit, mais, cette fois, il n'oublia  pas son expérience… et jour après jour, il vit un cristal, un unique  cristal, grossir, grossir… Il avait créé un « monocristal » : quel bonheur, quelle fierté !

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